Quand Mila et Ivan se croisent, ils n’ont plus rien à perdre… sauf peut-être l’espoir d’un ailleurs. De Paris à la Guadeloupe, leur voyage improbable les mènera au bout d’eux-mêmes. Parce qu’à deux, on va plus loin.

Mila :
… — Et je vous en remercie. Vous savez, la disparition brutale de mes parents et de mon jeune frère m’a rendue complètement misanthrope. Après leurs funérailles qui ont eu lieu aux Antilles, j’ai vendu leurs biens, à l’exception du contenu de l’atelier et de la bibliothèque. J’ai tout mis en caisse et suis revenue avec le tout, à Paris. Les Antilles étaient mortes avec eux. J’ai laissé tomber mes études. Puis, j’ai acheté cet appartement de deux cent mètres carrés. Il était en piteux état et je l’ai restauré entièrement pendant deux ans. Je n’avais pas de projet et ces travaux herculéens m’ont permis de contrôler et de dériver mon chagrin et ma colère.

Ivan :
— Notre fille Léa était très proche de nous. Une excellente étudiante, certes un peu bisounours, une idéaliste refusant de toutes ses forces le côté obscur du monde. Un cœur… comme sa mère. Complètement fan du Yi Jing, le Traité canonique chinois des mutations, elle pratiquait avec passion l’achilléomancie, l’art divinatoire qui consiste à interroger le Yi Jing à l’aide de tiges d’achillée. Sa mère et moi savions qu’il lui arrivait de fumer des joints de maria avec ses copines. Nous avions longuement parlé avec elle de ce sujet. On laissait faire, tout en surveillant. Du moins, le pensions-nous. Deux ans après la mort de Myriam, alors que Léa fêtait avec son groupe d’amis l’anniversaire de l’un des leurs, un jeune dealer, présent à cette soirée, leur proposa de l’héroïne.